Le  Scorpion  du Languedoc

 

Et oui! vous avez cliqué sur mon nom scientifique..(Buthus occitanus) je suis le plus gros scorpion de France, on me confond souvent avec le petit scorpion à queue jaune des maisons du Sud(Buthus flavicaudis)

voici mon histoire:

Un peu d’anatomie

Que voulez vous savoir de mon anatomie ?

Mes pattes sont grandes et articulées, elles permettent un déplacement vif et rapide.

Ma queue s'appelle aussi telson, elle est terminée par une ampoule à venin dangereux pour le coeur d'adultes

et enfants fragiles.

Voulez vous que je vous dévoile quelques petits endroits mentionnés  ci - à côté

Voici grossie  800 fois l'une de mes nombreuses 

trichobothries :

  Je sais, vous êtes déçu, ce n'est qu'un poil de plus!! En réponse, remarquez qu'il est de grande taille,

qu'il contient un      nerf(n) en relation avec des cellules   sensorielles.(c.s.)    Enfin , sachez qu'avec elles,

je  suis souvent quelqu’un de très  branché!! Il y va de ma vie!         

 

 Le comportement alimentaire²

Je résume: sachez d'abord que je vis sous un climat plutôt sec et chaud dit méditerranéen . Donc, le jour,

je suis caché sous ma pierre plus ou moins plate, dans un sol toujours meuble comme du sable  ou du

grésou dans mon biotope de la garrigue de CARLENCAS .

 A l'ombre et au frais j'y ai même creusé mon petit trou !

  Dans ces conditions, dès le coucher du soleil, je sors les pédipalpes ....un conseil : sauvez vous vite

grillons, mille-pattes, chenilles et araignées de toutes sortes!

Sinon voici, raconté par M LE BERRE le scénario de votre dernière heure!!

 * bien dans l'axe de la proie, je lance mes deux pédipalpes qui vous saisissent.

* je replie mon abdomen souple comme un arc et j'enfonce une fois ,.... deux fois mon aiguillon jusqu'à ce que  votre  mort s'en suive.

*  Inerte, je vous  dirige vers ma bouche entourée des deux  chélicères.*

 *  Enfin, je vous transporte vers mon terrier et......la trituration commence , je vous digère et vous aspire sur place, seules quelques parties dures resteront en vestiges!

(Amusez vous à retrouver ces étapes en observant les dessins  d'à côté.)

Il y a 420 millions d'années que je pratique ce scénario, sans me poser aucune question . M LE BERRE et vous s'en posent de nombreuses, foi de naturaliste!!

          1° La nuit,comment  repère t'-il les proies ?

          2° Quels organes lui permettent cette détection ?

          3°  Lui est il possible de choisir son repas ? Sur quels critères ?

          4°  Quel est le déclencheur de la faim ?

Des centaines d'heures d'expériences ont permis de répondre à ces questions, en voici un  résumé :

° Mes 8 yeux peints de noir ne m'empêchent pas de chasser ! mais ôtez moi les pédipalpes et c'est la mort !Vernissez- les, vous aurez le même résultat ! coupez moi les tarses et vous ferez de moi un chasseur mou!

° Dirigez un courant d'air vers mes "bras", ou la vibration d'un diapason vers mes pattes, la réaction sera très vive !                                                                                                                                   

° Tout cela vous rappelle mes drôles de poils :  les trichobotries toutes planquées sur mes deux pédipalpes tactiles !

° Moi, fossile vivant, je choisis ma proie!: d'abord sur un critère de taille par rapport à mes deux pinces et sur un critère de goût détecté par ma bouche . cela explique ma posture de méfiance illustré par un dessin  au- dessus.

° Pour les homo sapiens misogynes, il est vrai de dire que nos femelles mangent plus que nous! Certes, elles sont parfois plus grosses, la raison réside dans le fait que leur taux de glycémie est souvent plus bas, en conséquence il déclenche la sensation de faim.

 Le comportement amoureux

Chose promise, chose due, je ne veux pas faillir à ma réputation de "chaud scorpion", voici en détails le récit de mes

folles nuits méridionales et printanières.

Il n'y a pas de "carré blanc", en effet j'ai tout montré à M. FABRE ( ou presque tout.....)

  1er acte : L'arbre droit

A la tombée de la nuit, en avril, il y a des poses originales :

front contre front, deux scorpions, appuyés sur l'avant seul, redressent tout l'arrière du corps .Les queues sont tendues en ligne droite , elles échangent "de mutuelles frictions", se nouent et se dénouent.

Puis en un éclair, l'arbre droit s'écroule , chacun :le mâle et la femelle se séparent de son côté.

J.H.FABRE appelle cela les "agaceries de fiançailles".          

 

  

arbre droit

2ème acte: pèlerinage des amours

Le mâle, fluet et le teint pâle, pinces   tendues,  saisit les "doigts " de      la femelle pansue et  brune. Queues spiralées, le couple se promène, de – çi , delà, sans but   apparent .    Le mâle est en tête et marche à reculons. Cela dure au moins l'heure, quand  ils  virent de bord, les flancs se touchent,la queue du mâle couchée à plat, caresse le ventre de la femelle.                

  

3e acte : tendre intimité.

   Ce pèlerinage au trajet désordonné se termine toujours par une épreuve de force. Le mâle décide d'emmener

sa belle vers son terrier comme un lutteur entraîne au sol son rival . Parfois la femelle réussit à enlever un doigt ....;

puis deux ; sinon le petit mâle insiste, de ses pattes antérieures il tapote la tête, il mordille, il chatouille. La femelle se laisse

faire ou d'un coup s'esquive. Toujours à reculons il creuse et s'enfonce tirant d'un pédipalpe la"scorpionne" ou par une patte voire par la queue .C'est un véritable rapt.

Le couple est invisible pour la nuit.... 

   4e acte : élimination , multiplication

J.H.FABRE, dans un grand terrarium, avait disposé des tuiles en guise de terriers. Ainsi , tous les matins il en soulevait certaines et constatait que :

                 ° Le couple n'avait pas changé de comportement!

                 °Ou la femelle restait seule.

                 °Ou la femelle était entourée de quelques restes du mâle!!!qu'elle finira de dévorer dans l'après midi.

                 ° Enfin, plus tard en juillet la plupart des femelles "sont blanchies de leur marmaille" qu'elles portent sur leur échine.

  5e acte : L'instinct maternel.

C'est durant cette deuxième quinzaine de juillet , que pour  moi , fossile vivant,commence mon travail.

                  ° Sous mon ventre 30 à 40 oeufs gluants ne demandent qu'à s'ouvrir. Leur taille est celle du grain de  riz!

Le "scorpionnet" est recroquevillé sur lui-même. Heureusement que mes chélicères , bien aiguisées, commandées par mes soins, vont rapidement crever cette poche collante et libérer 9 millimètres d'animal .Les biologistes ont fait de moi une femelle ovovivipare :(les oeufs éclosent en même temps qu'ils sont pondus).              

           ° De ma bouche libératrice, ils grimpent sur mes pédipalpes disposés à plat et de là occupent mon dos large et solide! Pendant une semaine je les protège. Il me suffit de lancer en l'air mes pédipalpes pinces ouvertes pour intimider mon agresseur (J.H.FABRE ou le photographe de la S.P.N.) Ne suis je pas une bonne mère?Durant la deuxième semaine, un à un ils quittent leur "costume"de larve. Ils sont blancs, plus vifs,et surtout plus forts : 14 millimètres soit plus 5 millimètres en quelques heures!!

 

 

Ils profitent des dépouilles collées partout pour explorer,escalader pattes, queue et.les alentours maternels . Mais la "scorpionne" veille et ratisse large pour ramener les petits maintenant "couleur aurore" selon J.H.FABRE

                      ° La troisième semaine, toujours à jeun, la période d'autonomie va commencer : pédipalpes et chélicères sont aiguisés. Seul, le petit scorpion  ADAPTE  A SON BIOTOPE*, trouvera sa pierre. Dans un an il sera adulte, sa  durée de vie est d'environ 3 à 4 ans.

   6e acte : conclusion ou les dessous de l'histoire!

Que s'est il passé au fond du terrier ? Certes j'ai dévoré mon mâle! Pourtant il m'avait laissé en cadeau un SPERMATOPHORE* de quelques mm; comme il me tirait par les pédipalpes, ce petit sac rencontra mon orifice génital, libérant les spermatozoïdes qui fécondèrent ainsi les ovules proches .   Vous connaissez maintenant toute l'histoire.

Merci de m'avoir écoutée.

 

 

Bernard Halleux  APNHC

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